
Visa pour nomades numériques en Espagne : ce qu’il faut savoir avant de postuler
6 Octubre, 2025
Au cours des derniers mois, nous avons constaté qu’une question très fréquente revient souvent chez les personnes souhaitant s’installer en Espagne : sont-elles éligibles ou non à la résidence pour nomades numériques ? Et il faut le dire clairement : beaucoup de personnes ont une idée erronée de ce que cette autorisation signifie réellement. La raison est simple : il circule sur internet une quantité importante d’informations incomplètes ou tout simplement fausses.
L’une des erreurs les plus courantes consiste à penser que « si je travaille avec un ordinateur, je suis un nomade numérique ». La réalité est plus complexe. La législation espagnole établit des conditions très précises et limite cette résidence à certains profils spécifiques. Dans cet article, nous expliquons ce qu’est réellement un nomade numérique selon l’Immigration espagnole, quels métiers sont éligibles et lesquels ne le sont pas, et surtout, les conséquences fiscales et sociales qu’implique le fait de vivre en Espagne sous ce régime.
Qu’est-ce qu’un nomade numérique selon la Loi 14/2013
Le nom officiel est « Autorisation de résidence pour télétravailleurs internationaux », introduite par la Loi 14/2013 de soutien aux entrepreneurs, modifiée en 2022 (connue sous le nom de Loi sur les Startups).
La définition légale se trouve à l’article 74 bis : il s’agit de citoyens de pays tiers autorisés à résider en Espagne afin de travailler à distance pour des entreprises situées hors du territoire espagnol, en utilisant exclusivement des moyens télématiques et de communication.
- Si vous travaillez en tant que salarié, votre employeur doit être basé à l’étranger et autoriser le télétravail à 100 %.
- Si vous êtes travailleur indépendant, vous pouvez avoir des clients en Espagne, mais leurs revenus ne doivent pas dépasser 20 % de votre chiffre d’affaires total.
- En outre, vous devez justifier d’une formation universitaire, de troisième cycle ou professionnelle, ou d’au moins trois ans d’expérience professionnelle.
Profils éligibles et non éligibles
✅ Exemples de profils éligibles
(ces exemples sont donnés à titre illustratif et ne concernent pas de pays ou de secteurs spécifiques)
- Ingénieure en logiciel employée par une entreprise étrangère et travaillant 100 % à distance depuis l’Espagne.
- Consultant indépendant ayant des clients dans plusieurs pays (par exemple l’Allemagne et le Canada) et un client en Espagne représentant 15 % de ses revenus, dans la limite légale de 20 %.
- Professeur de langues en ligne donnant tous ses cours par visioconférence à des étudiants étrangers.
❌ Exemples de profils non éligibles
- Employé d’une entreprise espagnole, même si le travail est effectué à distance.
- Travailleur indépendant dont plus de 20 % des revenus proviennent d’Espagne.
- Professions non entièrement télématiques : c’est l’un des points les plus mal compris.
La limite essentielle : que signifie un travail 100 % à distance ?
La loi exige que le travail soit effectué exclusivement par des moyens télématiques. Cela ne veut pas simplement dire « utiliser un ordinateur », mais que l’ensemble de l’activité puisse être réalisé en ligne. Dès que la profession nécessite une présence physique en Espagne, elle cesse d’être considérée comme un télétravail international.
Exemple : entrepreneur avec une entreprise étrangère
- Tant qu’il gère son entreprise via des visioconférences, des plateformes numériques et des outils à distance, il correspond au profil du nomade numérique.
- Mais s’il commence à rencontrer des employés en personne en Espagne, à participer à des salons ou à organiser des événements sur place, il rompt l’exigence d’exclusivité télématique.
Exemple : créateur de contenu numérique
- Un streamer qui produit et monétise ses émissions en ligne pour un public international correspond au profil.
- En revanche, s’il réalise des spectacles en direct en Espagne, participe à des tournages ou assiste à des événements locaux, son activité n’est plus considérée comme 100 % à distance.
Exemple : professeur en ligne
- Si tous ses cours sont donnés à des étudiants étrangers par visioconférence, il s’agit bien de télétravail international.
- Mais s’il donne aussi des cours en présentiel dans des écoles espagnoles, il ne remplit plus la condition légale.
👉 La frontière est claire : si vous devez être physiquement présent en Espagne pour exercer une partie de votre activité, vous n’êtes plus considéré comme un nomade numérique selon la réglementation espagnole.
L’aspect dont personne ne parle : fiscalité et Sécurité sociale
L’un des aspects les moins évoqués — et pourtant parmi les plus importants — est qu’en obtenant cette résidence, vous devenez travailleur en Espagne, et dans la majorité des cas, résident fiscal.
Sécurité sociale
- Si vous êtes salarié, votre entreprise étrangère devra s’inscrire à la Sécurité sociale espagnole et cotiser pour vous.
- Si vous êtes travailleur indépendant, vous devrez vous enregistrer au RETA (Régimen Especial de Trabajadores Autónomos, régime spécial des travailleurs indépendants) et cotiser selon vos revenus.
Fiscalité
- Si vous passez plus de 183 jours en Espagne ou si votre centre économique et familial s’y trouve, vous serez soumis à l’IRPF (Impuesto sobre la Renta de las Personas Físicas), l’impôt sur le revenu des personnes physiques, sur vos revenus mondiaux.
- Il existe l’option du régime spécial pour impatriés, communément appelé « Loi Beckham » (art. 93 LIRPF), permettant d’être imposé à un taux fixe de 24 % jusqu’à 600 000 € par an.
- Si vous ne devenez pas résident fiscal, vous paierez l’IRNR (Impuesto sobre la Renta de No Residentes), l’impôt sur le revenu des non-résidents, sur vos revenus obtenus en Espagne.
Exemple (demandeur résidant à Hong Kong avec 100 000 € de revenus annuels) :
- En Espagne (régime des impatriés) : IRPF ≈ 24 000 € + cotisation du salarié ≈ 3 600–3 900 €.
- À Hong Kong : impôt sur les salaires maximum 15 % (≈ 15 000 €) + cotisation MPF annuelle ≈ 2 000 €.
👉 Cet exemple montre comment la fiscalité espagnole peut représenter un obstacle important pour les personnes venant de pays à faible pression fiscale.
Quand cette option n’est-elle pas la meilleure ?
Bien que la résidence pour nomades numériques soit une excellente opportunité pour de nombreuses personnes, elle n’est pas toujours la plus adaptée. Chez Aray Asociados, nous avons vu de nombreux cas où, après analyse, la résidence non lucrative s’est révélée être une alternative plus avantageuse.
Ce type de résidence n’autorise pas à travailler en Espagne, mais n’empêche pas d’être associé d’une entreprise étrangère ou de percevoir des revenus depuis l’étranger. Ainsi, on évite les charges fiscales et sociales liées au permis de télétravail international.
👉 Toutefois, il ne s’agit que d’un exemple d’alternative. Il existe d’autres autorisations de résidence susceptibles de mieux convenir selon le profil de chaque personne.
La résidence pour nomades numériques en Espagne ouvre la voie à de nombreux professionnels internationaux, mais elle comporte également des limites et des coûts réels rarement expliqués sur internet.
L’essentiel est de comprendre :
- Ce que signifie réellement être 100 % à distance ;
- Quelles obligations fiscales et sociales découlent de la vie en Espagne sous ce régime ;
- Et surtout, que ce n’est pas toujours la meilleure option : il existe parfois des alternatives plus adaptées.
Chez Aray Asociados, nous rappelons que chaque situation est unique. Notre rôle ne se limite pas à la gestion des demandes : nous vous aidons à identifier l’autorisation de résidence qui vous correspond réellement et à vérifier si vous y êtes éligible.
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